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Séisme au Maroc : en 1960, un tremblement de terre faisait 12 000 morts en rayant de la carte la ville d'Agadir

Ce séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960. Un tiers de la population de la ville d'alors avait péri.
Article rédigé par franceinfo
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Des sauveteurs tentent de retrouver des victimes dans les ruines d'Agadir, le 2 mars 1960, à la suite du séisme qui a ravagé la ville deux jours auparavant. (AFP)

Partout, la désolation. Le bilan provisoire du violent séisme qui a frappé vendredi une région au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech au Maroc est monté à 2497 morts et de 2476 blessés, a annoncé lundi 11 septembre le ministère de l'Intérieur. Un précédent bilan fourni dimanche faisait état de 2122 morts. 

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Dans la zone du Haut-Atlas, tous les témoignages sont unanimes : des villages entiers ont été réduits en un tas de gravats avec ce séisme d'une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain). C'est, à ce jour, le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.

Agadir rasée de la carte

Dans le passé, le royaume a, en effet, été secoué par des tremblements de terre plus ou moins violents, et ce, depuis des siècles. Dès septembre 1522, un séisme de magnitude 7 faisait au moins 500 morts à Fès.

Puis, au XVIIIe siècle, en 1731, Agadir est réduit en ruines en 1731, avant la catastrophe du 1er novembre 1755, quand le tremblement de terre de Lisbonne - et le tsunami qui s'en est suivi - dévaste toute la façade atlantique du pays, comme le souligne l'historien Fabrice d'Almeida, sur franceinfo. " A chaque fois, la monarchie a essayé de se réformer pour éviter les catastrophes. Après un tremblement de terre en 1909, l'Etat va décider d'aller vers des technologies modernes : en 1937, est ainsi installé au Maroc le premier sismographe. C'est lui qui va enregistrer la plus grande catastrophe qui va se dérouler au Maroc au XXᵉ siècle, dans la ville d'Agadir", précise l'historien.

Il est alors 23h40, ce 29 février 1960 : des dizaines d'immeubles de la ville côtière sont secoués durant une quinzaine de secondes par un tremblement de terre d'une magnitude de 5,7 sur l'échelle de Richter. Ils s'effondrent quasi instantanément sur des milliers d'habitants, pris au piège chez eux. Comme à Lisbonne, 205 ans avant, un raz-de-marée va détruire la ville entre 60 à 90% par endroits. Bilan : plus de 12 000 personnes trouvent la mort et 25 000 sont blessées. 

Il a fallu plusieurs mois pour déblayer les gravats des immeubles détruits par le séisme de 1960 à Agadir. (AFP)

"Une ville morte"

Parmi les victimes, en plus des civils surpris dans leur sommeil, trois des quatre compagnies militaires stationnées dans la ville ont été écrasées par le tremblement de terre, compliquant encore davantage l'organisation des secours.

Le correspondant de la radio Paris Inter, alors basé à Rabat décrit alors sur les ondes une " ville morte" : " La ville semble avoir été soumise à un bombardement quand on l'aperçoit d'avion, comme j'ai pu le faire ce matin à bord de l'avion royal. Le véritable drame, est au sol et chaque maison est fissurée, écaillée, fêlée. Les vitrines ont volé en éclats. Des immeubles dont la silhouette pouvait rassurer là-haut vue d'avion, ne sont plus maintenant que des masses inquiétantes. Ce sont des carcasses vides et certains menacent de s'écrouler. On peut estimer que 70 % environ de la population est touchée, sinistrée, blessée ou parfois morte", explique-t-il alors sur les ondes.

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Depuis cette catastrophe, plusieurs autres secousses ont fait trembler le Maroc, comme à Al Hoceïma, sur la côté méditerranéenne, en 1994, puis en 2004 (magnitude 6,4) et 2016.

" Le Maroc fait partie des pays où on ne se demande pas s'il va y avoir des séismes, mais plutôt quand ils auront lieu", glisse ainsi Philippe Vernant, enseignant-chercheur à l'université de Montpellier et spécialiste en tectonique active à l'AFP. Et de préciser : " Malheureusement, on ne peut rien prévoir. On essaie d'estimer des périodes de récurrence en fonction des différentes magnitudes des séismes ; mais après le comportement peut être chaotique, avec deux séismes forts sur une période courte puis très longtemps sans rien". 

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